lundi 31 janvier 2011

Le Voyage dans le passé



J'avais lu 'La Pitié dangereuse' il y a bien longtemps.  Lors de mes études, je crois, c'est dire que c'est loin.  Cependant, il m'a marqué.  Comme m'avait marqué 'Les désarrois de l'élève Törless' de Robert Musil, que j'avais lu à la même période.  Je n'avais rien lu d'autre de ces deux auteurs; sans doute la crainte d'être déçu.  Et puis, dans mes pérégrinations chez les bouquinistes, je suis tombé sur 'Le voyage dans le passé'.  Pourquoi pas? me suis-je dit.

Il s'agit d'une longue nouvelle, inédite en français. L'histoire assez classique d'un jeune homme, de petite condition, qui veut grimper dans l'échelle sociale.  Il entre au service d'un homme d'affaires vieillissant, chez qui il devra s'installer en conséquence de la santé défaillante du vieil homme.  C'est là qu'il rencontre la femme de celui-ci.  Il est amoureux, mais ne dit rien.  Son patron l'envoie au Mexique.  Un baiser échangé avant son départ rendra cet éloignement insupportable.  La Première Guerre mondiale empêchera Louis de rentrer.  Il ne pourra le faire que neuf ans plus tard... neuf ans après un baiser...

Que se passe-t-il quand on retrouve un amour après autant de temps?  Comment passent les jours qui séparent des amoureux?  L'amour n'est guère joyeux chez Stefan Zweig (du moins ce que j'en ai lu), mais il est absolu, exalté. On en perd son souffle. On s'égare dans ses pensées, toutes à l'être aimé.  On suit volontiers leur histoire. Le style, fait de signes, de souffles, de regards, de respirations... qui disent plus que les mots qui ne viennent pas, y est pour beaucoup. Il est suggéré plus qu'il n'est dit. Deux belles heures de lecture donc. Mais cette fois, je n'attendrai pas 30 ans avant d'en lire d'autres.


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