mardi 11 janvier 2011

Epépé




C'est le genre de livre que l'on achète et que l'on rachète, parce qu'on le prête et qu'il ne revient pas puis qu'on rachète parce qu'on l'offre encore et encore.  Je n'en avais plus et je suis retombé sur un exemplaire dans une boutique de seconde main.  Comme la Hongrie préside l'Union européenne pour six mois, c'était une autre bonne raison de le racheter.

Budaï est linguiste.  Il arrive à Helsinki pour un congrès.  Enfin... il croit arriver à Helsinki... Une fois descendu de l'avion, il se demande où il est... tout ce qu'il entend est ... Patyagyagyabbou? Vévé térépléboeboe...? ou ... Tchétentché gloubgloubb? Goulouglouloubb? C'est du moins ce qu'il croit entendre, car, malgré qu'il connaisse des dizaines de langues, non seulement celle-ci ne lui dit rien, mais il ne parvient à la rattacher à aucun ensemble connu.  Budaï atterrit dans un monde où il ne comprend rien.    Budaï fera de la prison. Il sera révolutionnaire.  Il errera à la recherche d'un bout de pain.  Il trouvera du travail.  Il cherchera encore et encore à déchiffrer cette langue incompréhensible... Epépé étant le premier mot qu'il pourra rattacher à quelque chose... il n'en saura pas beaucoup plus. On pense à Charlot.  On pense à Kafka. Drôle et absurde. Comme lecteur, on est pas plus avancé que lui.  On tâtonne.  On essaye de comprendre.  On en est au même point de Budaï, la connaissance linguistique en moins, on s'en remet ainsi à lui.  On se demande ce que l'on fait là, on cherche un moyen de s'en sortir, on se laisse porter par le mouvement, par les événements.  Etrange et jouissif.

Ferenc Karinthy - Epépé - Editions Denoël, 1999

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