jeudi 20 janvier 2011

La confrérie des mutilés




Aaaaaaah là, c'est du costaud.  Du sanglant, du puant, du dérangeant.  J'ai quand même eu un  doute au début, j'ai eu peur de retomber sur quelque chose dans le genre de 'Aime-moi Casanova' de Antoine Chainas, qui louche plutôt du côté du Canada Dry comme littérature.  Très vite, je fus rassuré.  On est plutôt proche de l'univers d'Harry Crews ou de Chuck Palaniuk.

Kline est détective.  Il a arrêté un tueur à la force du poignet; le gars, découpeur en série, lui a tranché la main dans la bagarre, mais Kline, vif et ne souhaitant pas mourir au début de l'histoire, se cautérise le bout du bras tout seul comme un grand et butte le hacheur présomptueux.

Sans le savoir, il est devenu l'icône de tout un peuple, celui de la confrérie des mutilés, un type qui se soigne le moignon tout seul comme un grand, respect.  On l'invite donc à venir enquêter sur un meurtre qui a eu lieu dans la confrérie.  Le hic, c'est que pour en savoir un (peu) plus, Kline va devoir y perdre du sien.  Des réponses contre des bouts de chair, tel est le contrat, auquel Kline n'a pas l'occasion d'opposer beaucoup d'arguments...

L'univers dans lequel on bascule avec Kline est troublant et  fascinant.  Quel est le prix de la vérité?  Qu'est-on prêt à donner pour la connaître?  Dans son cas, il lui faudra tendre la deuxième main.  C'est qu'on ne rigole pas avec les règles chez les Mutilés.  Le Bien, le Mal... des mots tout ça Monsieur Kline... mais ici vous les touchez du doigt qu'il vous reste.  Mutilez-vous et vous en serez plus grand.  Kline ne l'entend pas vraiment de cette oreille, qu'heureusement il gardera.  Alors, allez-y, n'hésitez pas, lisez ces deux cents bonnes pages de dinguerie contrôlée.  C'est du direct.  De la bidoche bien saignante.  Et s'il y en a un peu plus, prenez-le c'est cadeau.

La confrérie des mutilés - Brian Evenson - Le Cherche Midi, 2008

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