vendredi 8 mars 2013

El ultimo lector




C'est un village où il ne pleut pas depuis des lustres. L'eau arrive par bidons et sert à l'essentiel. C'est un village où des habitants redoutant la colère de Dieu s'en vont. C'est un village où la bibliothèque ne reçoit plus de livres, Lucio, le bibliothécaire ne garde que les livres qui lui plaisent et éloignent les plus téméraires des visiteurs. C'est un village où Remigio, fils de Lucio, découvre une fillette morte au fond de son puits. C'est un village quelque part au Mexique où l'on passera quelques jours, le temps d'une enquête, aussi nonchalante que distraite, pour retrouver la fillette et son assassin. C'est un village où débarque la maman de la fillette qui a entendu parler de Lucio et de sa façon de mener l'enquête.

C'est que pour Lucio, les livres expliquent tout. Les réponses aux questions, aux mystères et même aux difficultés d'une enquête se trouvent dans les livres, il suffit de savoir lire, il suffit de mettre les faits face aux histoires pour que tout soit limpide.

La pluie reviendra. Un coupable sera désigné au détour des pages d'un roman. La femme, la mère repartira. Les avocats de Remigio mûriront, sur l'arbre au pied duquel il a enseveli la fillette.

On est ici dans une tradition du mystère fréquent dans les romans sud-américains, une sorte de réalisme magique.  L'histoire se traîne un peu... sans doute que les références à des romans que seul Lucio connait y est pour beaucoup. Reste une atmosphère poussiéreuse, sèche, lourde bien rendue. La fillette morte et l'enquête qui s'ensuit sont un prétexte à rester quelques temps à Icamole, sinon qui donc s'y arrêterait?

Une découverte quand même.


Cela se termine comme ça :

Lucio sait  qu'en fin de compte il doit aussi succomber à tout moment, honteux, sous un couteau qui tourne dans son sternum, il sait qu'un auteur de la ville, un imbécile aux idées aussi courtes que son pénis, aussi médiocre qu'Alberto Santin, devra l'anéantir dans un roman digne de l'enfer et des cafards, et l'enterrer dans les sables de la mer ou du désert chaque fois que quelqu'un ouvrira la dernière page de El ùltimo lector.

David Toscana : El Ultimo Lector - Zulma, 2009