Je n’ai pas lu ‘La sardine du Cannibale’, mais il me plait déjà. Enfin, Majid Bâ, le livre, je ne sais pas, je vous dirai. Majid Bâ tient l’envie d’écrire de son père. On sait que l’envie n’est pas tout, il faut parfois passer à l’acte, et pour ça, il faut souvent une bonne raison. Il dit : L’idée est venue dès mon arrivée en France en 2003, dès l’entretien avec mon premier patron. Le deuxième déclic, c’est quand mon visa a expiré. Je me suis dit: «Majid, demain c’est foutu, là va commencer ta vie de clandestin. Il faut que tu commences à écrire, tu dois raconter ce que tu vas vivre» ; ou dit encore : L’écriture m’a beaucoup aidé, c’était mon compagnon. J’écrivais à la main, toujours la nuit, je notais les dates. Chaque fois que je changeais d’hôtel, de chambre, j’emmenais mes classeurs. Je pouvais tout perdre mais mon manuscrit c’était ma vie. Je me sentais fort quand j’écrivais, c’était une forme de thérapie, le seul moment où je me sentais moi-même. Le soir, j’écrivais tout ce que j’avais souffert la journée. Ensuite, j’étais bien. J’imaginais qu’un jour ça servirait…
Et je me suis mis à penser à Patrick Poivre d’Arvor... allez savoir pourquoi, sans doute parce que Majid Bâ est sénégalais, et que les idées s’associant, j’ai pensé à nègre ; oui oui, il y a certainement un fond raciste là-dedans. J’ai aussi pensé à Erri de Luca quand il raconte ses journées de travail comme maçon et les heures volées au sommeil pour écrire, lire et traduire. Et je me suis mis à penser à Philippe Sollers et sa vie dans les palaces vénitiens où il tue le temps en se prenant pour un écrivain. Et je me suis mis à penser aux Jack, London et Kerouac, à Annie Dillard, à Isabelle Eberhardt, à Julio Cortazar... ceux pour qui écrire est une expérience physique. Et je me suis mis à penser aux mille et aux cents qui allaient tout à coup s’intéresser à Hemingway, et qui auront, au mieux, lu ‘Le vieil homme et la mer’ mais qui trouveront que décidément PPDA il écrit bien quand même. Et je me suis mis à penser aux mille et aux cents qui liront ‘Trésor d’amour’ et qui parcourront Venise comme la masse que Sollers abhorre.
En vérité, je vous le dis, lire n’est pas toujours bon pour moi.
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