Ah les coïncidences…
Par exemple, l’autre soir. Je me décide enfin à commencer à lire le dernier
roman de Umberto Eco, acheté quelques semaines plus tôt. Et qu’est-ce qu’on
m’apprend le lendemain matin? Il est mort! Umberto Eco, “L’auteur du Nom de la
rose, sémiologue, philosophe, professeur d’université (etc.)” est mort.
Coïncidence…? Je ne crois pas. Il y a certainement un lien. Mais bon, je
m’emballe un peu, parce que il se dit que ce ne serait pas Umberto Eco qui a
écrit ce dernier roman. Il aurait été écrit par un de ses ex-collègues menaçant
de révéler comment Umberto Eco aurait faciliter le passage de Salah Abdesslam
vers San Marino. Il aurait été obligé de le signer, parce que Eco ça fait
vendre. On est sûr de rien, mais il n’y a jamais de fumée sans feu. Et qu’en
cherchant, en fouillant un peu on finit toujours par trouver quelque chose.
C’est ce que se dit
Simei, celui qui engage Colonna pour rendre compte dans un livre de
l’expérience, qui sera avortée,de “Domani”, un quotidien qui sera créé endéans
l’année et qui aura comme objectif de révéler tout ce que les puissants
cachent. Je (vous) passe les détails de l’histoire, mais en gros, la dizaine de
journalistes, engagés pour une
année, sont chargés de travailler à un projet de quotidien qui révélera la face
cachée des choses. Le projet de celui qui finance l’affaire étant de faire peur
aux-dits puissants en leur présentant un antipasto de ce que ce journal
pourrait révéler les concernant. Que cela soit vrai ou faux, cela importe peu,
car il en restera toujours quelque chose dans la tête des lecteurs. Le projet
de Simei, à travers le livre écrit par Colonna étant de
menacer le commanditaire de tout balancer dans ce livre, de dire que ce projet
n’était qu’un leurre destiné à faire payer les tout-puissants, de les forcer à
l’adopter dans leur monde. Sauf que bien entendu, une des enquêtes en cours
pour le numéro zéro de Domani – la possibilité que ce soit un sosie de
Mussolini qui ait été tué et que le vrai Benito ait trouvé refuge en Argentine,
aidé par ceux-ci et par ceux-là, dans l’attente d’un moment propice pour
revenir – va bouleverser tout cela. Braggadocio, celui qui a levé
ce lièvre et qui fouille et fouille dans l'histoire italienne, disparait.
La leçon de
journalisme donnée par Eco est magistrale. Il montre qu’il n’a pas falu
attendre l’ère de l’internet, le roman se passe en 1992, pour voir exister
d’innombrables théories du complot; la salle de rédaction de Domani en est
remplie. Il dénonce aussi, par là, les mauvaises relations qu’entretient depuis
longtemps la presse avec les pouvoirs, des relations qui parfois brouillent le
vra du faux. Qui nous dit que telle révélation n’est pas le fait d’une volonté
d’untel à nuire à untelle autre?
Cependant, hormis la leçon magistrale sur les médias et leur
fonctionnement, on s’ennuie un peu beaucoup. Il y a bien quelques passages
assez drôles lors des réunions de rédaction, mais c’est tout. C’est un peu
prévisible et un peu longuet. Bref, on attendait mieux. Sauf que, c’est
peut-être la preuve que ce n’est pas Eco qui a écrit ce livre.
C’est comme ça que
ça se termine : L’île Saint-Jules
resplendira de nouveau sous le soleil.
Umberto Eco : Numéro Zéro - Grasset, 2015
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